Offrir une alternative à la voiture, décarboner les transports, faciliter les déplacements. Voilà quelques éléments évoqués par le Président de la République pour justifier des projets de type RER dans dix métropoles françaises. Dans une vidéo diffusée le 27 novembre 2022, le président de la République s’est exprimé sur le développement de services express métropolitains non seulement en région parisienne, mais également dans d’autres agglomérations urbaines en France.
D’ici le mois de juin, un texte de loi sur les services express métropolitains sera présenté à l’Assemblée nationale, selon le Député Jean-Marc Zulezy, président de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Ce cadre légal aura pour ambition de répondre aux conditions de réussite de ces projets, notamment par la définition du service express métropolitain, par la mise à disposition des compétences de la Société du Grand Paris et de SNCF Réseau et, enfin, par un dispositif financier.
Des projets d'une telle envergure sont complexes et demandent une coordination étroite des parties prenantes. L’expérience francilienne est-elle réplicable dans les autres régions de France ? Quel type de gouvernance est nécessaire pour la réussite des projets ? Comment en définir les sources de financement ? Quelles sont les conditions à réunir pour en garantir le succès ?
La création du RER parisien a été un projet emblématique, qui répondait à des enjeux majeurs de mobilité en zones densément habitées. En 1969, lorsque la ligne A a été inaugurée, il était essentiel de relier les principaux bassins d’emploi aux périphéries de l’agglomération parisienne et d’offrir une alternative aux transports en commun proches de la saturation. Le trafic sur les lignes du réseau express régional a augmenté significativement depuis les années 1970, ce qui le rend, à date, l’un des systèmes de transport les plus fréquentés au monde.
Actuellement, les services express métropolitains sont un modèle répandu en Europe : il y a plus de 70 services de ce type sur le continent. Cette expansion répond également aux problématiques actuelles de limitation de la place des voitures dans les centres urbains et par le besoin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
En France, quatre projets sont engagés :
• Le Grand Paris Express
• Le RER métropolitain de Bordeaux
• Le Léman Express dans la périphérie de Genève
• Le Réseau express métropolitain européen à Strasbourg
Afin que les projets de service express métropolitains soient réussis, il est fondamental que ses ambitions soient définies selon les besoins des usagers et les ressources à disposition.
Par exemple, voici quelques caractéristiques fréquemment associées aux services express métropolitains :
• Une offre de transport suffisante qui donne de la visibilité aux voyageurs
• Le cadencement des trains
• Une amplitude de service élargie (des trains plus tôt le matin et plus tard le soir)
• Des parcours diamétralisés permettant à l’usager de traverser le centre de l’agglomération sans faire de correspondances
Quant à la mise en place du service, une démarche progressive, c’est-à-dire avec des actions prévues à court, à moyen et à long terme, est à privilégier par les autorités organisatrices des mobilités et les gestionnaires d’infrastructures. Il est en effet possible d’avancer dès à présent sans devoir attendre la réalisation d’investissements conséquents en infrastructures, puisque les efforts peuvent porter sur des évolutions sur l’amplitude ou sur le cadencement de l’offre actuelle. Par ailleurs, lancer des premières mesures portant sur de la réorganisation/ optimisation d’offre existante permet de profiter de la conjoncture politique actuelle favorable au développent des transports en commun.
Les projets de développement de services express métropolitains s’inscrivent dans la durée, il est donc important que les infrastructures anticipent au maximum les besoins futurs des usagers.
Par exemple, un grand nombre de gares concernées par les projets ont été conçues il y a plus d’un siècle, toutefois leur usage a beaucoup évolué. Le voyageur d’aujourd’hui passe, en moyenne, moins de temps à attendre son train, et de nombreux usagers achètent leurs titres de transport en ligne au lieu de se présenter aux guichets de vente.
Dès les phases initiales, il faut se projeter à long terme. Y aura-t-il une rareté de ressources à gérer ? La démographie des usagers aura-t-elle évolué ? La disponibilité foncière autour des gares est-elle compatible avec les ambitions du projet ? L’inclusion de ces questions à la conception du projet s’avère stratégique pour assurer sa viabilité.
La multimodalité est un autre aspect clé des services express métropolitains, dans la mesure où une part importante des déplacements implique différents moyens de transport.
Par exemple, les résidents des zones non desservies par le service doivent pouvoir y accéder, grâce à des parkings relais situés aux intersections avec les axes routiers. Les rames doivent être accessibles aux cyclistes qui finiront leur déplacement à vélo. En ville, les gares doivent permettre l’accès facile au réseau de bus et de tramways.
À cela s’ajoute deux autres enjeux. D’une part, il est important de réfléchir aux questions tarifaires et billettiques : les déplacements sont facilités si les voyageurs peuvent prendre les différents types de transport en commun avec un seul titre de transport. D’autre part, en matière d’informations aux voyageurs, il est important que l’offre de service soit visible tout au long du parcours usager, sur les différents canaux disponibles. Par exemple, l’offre du Léman Express est affichée sur les plans du réseau de transports de Genève.
La pluralité d’acteurs est la marque inhérente des projets de service express métropolitains : l’État, les collectivités territoriales (régions, départements, EPCI, communes), les gestionnaires d’infrastructure ferrée et des gares, les acteurs socio-économiques de chaque localité. La grande diversité de parties prenantes peut, en effet, constituer un frein à la fluidité des échanges et à la concertation, notamment au moment de définir les clés de financement du projet. En cas de divergences sur la définition du service, sur le financement, sur la disponibilité de sillons, qui pour arbitrer ?
D’abord, il est essentiel qu’il y ait un bon niveau de confiance et de coordination entre les acteurs, particulièrement entre les autorités organisatrices, les opérateurs et le gérant d’infrastructure. Un partage transparent des informations constitue ainsi les bases d’une concertation censée durer plusieurs années, de la conception à la mise en opération du service.
À ce titre, le retour d’expérience de la Région Grand Est et de l’Eurométropole de Strasbourg est éclairant. Après le lancement du Réseau express métropolitain européen, des problèmes de dimensionnement d’effectifs et de matériels roulants ont empêché l’ajout annoncé de 800 trains par semaine. Ainsi, une coordination plus étroite entre les acteurs s’avère nécessaire pour éviter des taux de suppression et de retards élevés dès le début des opérations.
La coordination des acteurs est souvent sous la responsabilité des autorités organisatrices des mobilités. Dans le cas du RER métropolitain de Bordeaux, la feuille de route entre la Région Nouvelle-Aquitaine et Bordeaux Métropole en est un bon exemple. En tout état de cause, le modèle francilien ne semble pas duplicable en l’état, et les particularités de chaque territoire doivent être prises en compte. En ce qui concerne la Société du Grand Paris, le Gouvernement souhaite capitaliser l’expertise développée dans le cadre du Grand Paris Express, notamment en matière de construction de voies, de gestion des questions foncières, d’intermodalité et de financement de projet. Par conséquent, une coordination avec SNCF Réseau, qui dispose par ailleurs de l’expertise de modernisation du réseau existant, doit être prévue.
Enfin, l’enjeu financier est également fondamental pour déterminer la réussite des services express métropolitains. Effectivement, le montant des investissements peut être significatif et la définition des clés de répartition entre les financeurs est un moment crucial des projets.
Par ailleurs, au sein de l’État, il est nécessaire d’accompagner les dynamiques interministérielles et vérifier si la volonté politique exprimée sera appuyée par des ressources financières à la hauteur. Dans ce sens, il est attendu que les projets de services express métropolitains puissent bénéficier d’une partie des 100 milliards d’euros d’investissement dans le ferroviaire, annoncés par la Première ministre Élisabeth Borne à horizon 2040.
Enfin, des études peuvent donner des pistes sur comment atteindre l’équilibre économique du service. Plusieurs réflexions sur le financement des transports en commun sont en cours, et plusieurs alternatives peuvent être analysées : du renforcement des modèles actuels à la création de ressources nouvelles, comme une contribution en fonction de la valeur foncière créée par le projet sur le territoire. Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir des services express métropolitains : élaboration du cadre légal à l’Assemblée nationale ; des débats entre autorités organisatrices, associations, industriels et opérateurs ; définition des contours financiers des projets ; mise en service et retour d’expérience des projets qui sont en phases plus avancées. Des convictions sur l’importance de ces projets pour la mobilité et pour l’environnement sont partagées par plusieurs acteurs. Une affaire à suivre de près pour rendre concrètes ces ambitions.
Alenium Consultants accompagne les Autorités Organisatrices de la mobilité, les gestionnaires et financeurs d’infrastructures ainsi que les opérateurs de transports dans le cadrage, dans le pilotage et dans la mise en œuvre de leurs projets selon 3 axes :
> Vous souhaitez en savoir plus sur nos prestations ? Contactez-nous via notre page Contact.