Selon un sondage du MEDEF[1], 2 décideurs sur 3 sondés ont déclaré avoir un intérêt marqué pour la Blockchain. Il n’est pour autant pas encore évident aujourd’hui d’appréhender les applications possibles et donc la plus-value de cette technologie.
Tour d’horizon des grands usages de la Blockchain.
La Blockchain peut permettre de transférer de l’argent et d’effectuer des paiements théoriquement de manière sécurisée, rapide et économique.
Pour acheter des cryptomonnaies telles que le Bitcoin, il suffit de se rendre sur une plateforme d’échange. Le processus d’une transaction standard est le suivant :
Pour matérialiser une transaction, il est nécessaire de rassembler trois informations :
Depuis le 1eravril 2017, le Bitcoin est devenu une monnaie légale au Japon : ce moyen de paiement est désormais accepté pour l’achat de biens et de services. Grâce à internet, les particuliers peuvent également acheter des biens et des services via des plateformes de e-commerce. L’entreprise américaine BTCS a lancé une plateforme acceptant plusieurs crypto-monnaies dont le Bitcoin.
Bien que la durée de validation des transactions puisse être très variable selon les crypto-monnaies, c’est l’un des principaux avantages de ce nouveau type de monnaie.
Le délai d’un virement interbancaire est généralement compris entre 1 et 3 jours, versus 10 minutes pour le Bitcoin (BTC) ou moins d’1 minute pour le Ripple (XRP).
Néanmoins, l’actualité récente nous montre que le réseau Bitcoin, victime de son succès, est de plus en plus saturé. Les transactions sont désormais plus lentes et les utilisateurs doivent payer des frais très élevés aux mineurs afin que leurs transactions soient traitées dans des délais raisonnables. Entre le 07/05/2017 et le 07/06/2017, les frais de transaction sont passés de 1.25$ à 5.5$. Au 19/12/2017, les frais de transaction s’élèvent à environ 28$.
Ci-dessous : moyenne des frais de transactions Bitcoin (en USD) – Source : https://bitinfocharts.com
Pour pallier cette saturation, deux solutions ont été identifiées par la communauté Bitcoin[2] :
1/ Une mise à jour du protocole Bitcoin : cette solution, adoptée par la majorité des utilisateurs, permet d’optimiser les transactions pour en intégrer davantage par bloc. La deuxième étape serait d’augmenter la taille des blocs (de 1 à 2 mégaoctets).
2/ Priorité à l’augmentation de la taille des blocs : une minorité d’utilisateurs, redoutant que l’augmentation de la taille des blocs ne soit pas mise en œuvre avec la solution n°1, a décidé de faire un « hard-fork ». Concrètement, cela s’est matérialisé le 1er août 2017 par la création d’une autre version de la Blockchain Bitcoin avec une nouvelle crypto-monnaie baptisée le « Bitcoin Cash ». La taille des blocs sur cette Blockchain est de 8 mégaoctets (soit 8 fois supérieure à la taille d’un bloc de la Blockchain historique).
Suite à un piratage massif d’Ethereum (ETH) en mai 2016, un « Hard Fork » avait déjà été réalisé afin de re-créditer les fonds piratés des personnes concernées. Cependant, une minorité d’utilisateurs avait refusé cette modification, ce qui avait également entrainé la création d’une Blockchain alternative : l’Ethereum Classic (ETC).
La Blockchain pourrait être utilisée pour transférer des actifs tels que des instruments financiers.
Les régulateurs et les politiques semblent être de plus en plus sensibilisés au sujet. Le Ministère de l’Economie et des Finances a lancé une consultation publique le 24 mars 2017 suite à l’Article 120 de la loi n° 2016 - 1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique. L’article « habilite le Gouvernement, d’ici le 9 décembre 2017, à réformer le droit applicable aux titres financiers afin de permettre la représentation et la transmission au moyen d’un dispositif d’enregistrement électronique partagé (en anglais, distributed ledger technology, ou DLT) des titres financiers qui ne sont pas admis aux opérations d’un dépositaire central ni livrés dans un système de règlement et de livraison de certains instruments financiers ».
Le Ministère de l’Economie et des Finances a reçu 43 réponses à la consultation[3].
A la suite de cette consultation, une ordonnance a été présentée lors d’un Conseil des Ministres et signée par le Président de la République le 8 décembre 2017. Cette ordonnance, qui entrera en vigueur en juillet 2018, consiste « à proposer la Blockchain comme nouvelle modalité technique d’inscription et de transfert des titres non cotés, à savoir les parts de fonds (qui représentent quelques 2.000 milliards d’euros en France selon le ministère de l’Economie), les actions et obligations non cotées (1.000 milliards d’euros), et les titres de créances négociables (300 milliards) »[4].
Pour rappel, la Blockchain permet de stocker des informations de manière partagée et sécurisée. Les blocs contenant ces informations sont horodatés et réputés infalsifiables.
Il est donc possible de développer des applications afin de stocker des données normalement certifiées par des tiers de confiance : titres de propriété, certificats, etc…
L’ONG Bitland a lancé une plateforme expérimentale associée à la Blockchain Bitcoin afin de répondre à deux problèmes majeurs au Ghana :
Les conséquences économiques découlant de ces problèmes sont importantes : frein pour le développement du e-commerce, incapacité de contrôler les taxes et difficulté d’apporter une preuve fiable d’un titre de propriété lors d’une transaction immobilière.
A terme, Bitland[5] souhaiterait généraliser sa plateforme à l’Afrique. En effet, 90% des zones rurales africaines ne sont toujours pas répertoriées dans un cadastre officiel.
Le Honduras a également lancé une initiative pour enregistrer les transactions immobilières sur la Blockchain avec la participation des entreprises américaines Factom et Epigraph.
L’Ecole Supérieure d’Ingénieurs Léonard de Vinci (ESILV), en partenariat avec la Startup Paymium, a lancé un projet « pour rendre ses diplômes infalsifiables et rapidement vérifiables »[6].
Depuis mars 2016, il est possible de vérifier la certification d’un diplôme ESILV sur la Blockchain Bitcoin. Les étapes sont les suivantes[7] :
L’objectif d’un Smart contrat est d’exécuter automatiquement les termes d’un contrat en fonction d’un évènement prédéfini dans une Blockchain : Si [évènement à définir]… Alors [dénouement à définir].
Selon Blockchain France[8], les Smart contract « constituent l’un des types d’usage les plus prometteurs de la blockchain ». En effet, pour le secteur de l’Assurance, programmer des Smart contract dans une Blockchain présente plusieurs avantages :
Le prérequis est d’avoir la capacité de connecter à la Blockchain une base de données fiable et reconnue afin de d’exécuter les termes des Smart contracts.
Le processus suivant pourrait alors être envisagé pour une assurance contractée en cas de retard d’un train :
La première Blockchain (Bitcoin) est dite « publique ». Le réseau des nœuds est décentralisé. Tout le monde peut accéder au registre des transactions, réaliser des transactions et participer au processus de validation des blocs. Il est donc possible de visualiser très simplement les derniers blocs Bitcoin minés :
Source : Blockchain.info
La sécurité des Blockchain publiques repose sur la crypto-économie : la combinaison entre les incitations économiques et la cryptographie (proof of work, proof of stake).
Face à l’intérêt croissant de cette technologie, des groupes d’entreprises ont créé des Blockchain communes, appelées « Consortium », afin de mener des expérimentations.
Contrairement aux Blockchain publiques, le réseau des nœuds des Consortium peut être restreint à un nombre prédéfini d’acteurs. Il est possible de définir des droits d’accès pour la consultation de la Blockchain et les règles d’approbation des blocs. Par exemple, un bloc ne peut être validé qu’à partir du moment où celui-ci est validé par 80% des acteurs.
Les Blockchain privées présentent plusieurs avantages intéressants pour les entreprises :
Au cœur de toutes les attentions, la Blockchain offre un large panel d’applications possibles.
De nombreuses start-up tentent de concevoir des applications nouvelles et disruptives. Ces dernières financent pour une grande partie leur projet via des « ICO »(Initial Coin Offering), qui sont des levées de fonds en actifs numériques appelés « tokens ». Près de 3 milliards de dollars ont ainsi été levés entre janvier et octobre 2017[9].
Pour autant, l’imprécision du cadre juridique freine grandement le déploiement de ces applications pour les entreprises. Il y a cependant une avancée significative sur ce sujet en Europe : la France a décidé d’autoriser l’utilisation de la technologie pour le transfert d’actifs non cotés et des solutions pourraient être commercialisées dès 2018[10].
[1] http://www.cigref.fr/wp/wp-content/uploads/2017/06/Livre-blanc-Blockchain-pour-entreprises.pdf
[2] http://www.usine-digitale.fr/article/dix-questions-pour-tout-comprendre-au-seisme-qui-secoue-le-bitcoin.N572808
[3] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2017/08/31/synthese-de-la-consultation-publique-sur-la-transmission-de-certains-titres-financiers-au-moyen-de-la-technologie-blockchain
[4] http://www.agefi.fr/fintech/actualites/quotidien/20171211/blockchain-entre-dans-loi-francaise-234757
[5] http://landing.bitland.world/
[6] https://www.esilv.fr/lecole/certification-blockchain-diplomes-esilv/
[7] http://www.esilv.fr/lecole/certification-blockchain-diplomes-esilv/
[8] https://blockchainfrance.net/2016/01/28/applications-smart-contracts/
[9] https://icomentor.net/2017/10/23/3-milliards-de-dollars-nouveau-cap-franchi-par-les-ico/
[10] http://www.agefi.fr/fintech/actualites/quotidien/20171211/blockchain-entre-dans-loi-francaise-234757