Le mercredi 17 juin dernier, dans les Salons Milan à Paris, Alenium Consultants organisait une Conférence autour du thème : « L’intermodalité en Régions : quelles perspectives ? » réunissant de nombreux intervenants de premier plan directement impliqués dans ce profond mouvement de mutation économique. Retour sur cet événement à travers les enseignements qui s'en sont dégagés et les questions qui restent en suspens…
Les intervenants présents à notre conférence étaient : Philippe Duron, Député du Calvados, Président de la Commission sur l’avenir des TET ; Michel Seyt, Président de la FNTV ; Anne Bosche-Lenoir, Directrice Finances Stratégie et Juridique à la Direction Générale Régions et Intercités de la SNCF ; Claude Steinmetz, Directeur Ferroviaire France chez Transdev et Jean-Yves Petit, Vice-Président transport et éco-mobilité de la Région Provence Alpes Côte d’Azur.
Dans un contexte où émerge une région chef de file des transports et où se pose la question de la performance et de la soutenabilité, à la fois économique et environnementale du système actuel, les débats se sont orientés autour des deux axes de réflexion suivants :
L’avenir des transports de voyageurs est une question hautement politique et économique qui intéresse les territoires desservis et les voyageurs concernés. Cette problématique s’inscrit aujourd’hui dans un projet ambitieux de recomposition territoriale.
Si les rapports de la Cour des Comptes de 2014 (Grande Vitesse), de 2015 (TET), de 2013 (Commission Mobilités 21) et celui de la Commission chargée de réfléchir sur l’avenir des TET en mai 2015 se sont tous interrogés sur la question de la soutenabilité économique et écologique, c’est également la pertinence des modes de transport pouvant être proposés pour la desserte de chaque territoire qui est aujourd’hui examinée.
De ce point de vue, la concurrence n’est plus une question mais un horizon : il faut maintenant construire un modèle souple, adapté et agile où la coordination et la cohérence seront renforcées entre les acteurs, économiques autant qu’institutionnels. Un exemple concret est proposé à travers la « promotion » récente (via la loi Macron) de l’autocar : un moyen de transport qui doit (re)trouver toute sa place au sein d’une offre de transport rénovée en répondant aux nouvelles problématiques de mobilité. Nombreux sont les opérateurs à s’être déjà positionnés sur le sujet (SNCF avec IDBUS, Transdev avec ISILINES, Starshipper, Mégabus, Flixbus, etc.)
En Régions (dont le premier budget est consacré aux transports), 23% des lignes TER sont déjà opérées par des autocars. Il ne s’agit donc pas d’opposer les modes mais de se poser la question des moyens qui sont donnés aux régions pour véritablement organiser l’intermodalité sur leurs territoires.
Les textes des Lois NOTRe et Macron dessinent un paysage où les Régions deviennent les véritables chefs de file des transports sur les territoires. Problème : ces compétences élargies ne sont pas accompagnées des ressources qui vont avec et faute de moyens, les ambitions risquent d’être difficiles à atteindre.
Par exemple, il n’existe toujours pas de versement transport régional et le versement transport est lui-même affaibli par les discussions sur le nouveau seuil de salariés (de 9 à 11) des entreprises concernées. D’autre part, le fait métropolitain (élément essentiel de la recomposition des territoires), est de nature à affaiblir les ressources des Régions qui sont souvent amenées à assurer des dessertes TER sur un périmètre métropolitain sans toucher le moindre centime de versement transport.
Il serait donc pertinent d’envisager une mise en cohérence du système de transport à l’échelon régional et de ce point de vue, la réforme des compétences n’a pas (encore) pleinement abouti.
Concernant la question des mobilités nouvelles fondées sur une digitalisation croissante (Flixbus, Blablacar, Über etc.), il faut pour y répondre des Autorités Organisatrices fortes (Etat comme Régions) aux ambitions clairement établies, conditions sine qua non afin d’assurer l’intérêt général et éviter les conflits potentiels que ces nouveaux usages peuvent aussi générer. L’actualité récente démontre que la question du dialogue entre ces entités (régions dotées de nouvelles compétences et opérateurs multimodaux toujours plus nombreux et offensifs) est aujourd’hui clairement posée.
Il y va de l’intérêt général (Régions, opérateurs, public) que tout le monde s’entende et on peut, de ce point de vue, se montrer raisonnablement optimiste : la mise en concurrence est actée depuis suffisamment de temps pour qu’elle constitue un levier pour l’opérateur historique qui soit en ordre de marche pour améliorer sa performance et stabiliser ses coûts. Concernant les autres (opérateurs), la dynamique est également engagée en matière d’offre intermodale et de gains de productivité. Pour tous il s’agit à présent d’envisager la mobilité au plus près du voyageur, qu’il s’agisse du porte à porte ou bien d’une offre de transport en temps réel, avec créativité et praticité.
Les textes en préparation sont également une opportunité de redéfinir le dialogue avec les Autorités Organisatrices dans cet esprit d’ouverture à la concurrence intermodale et régulée, afin que les voyageurs puissent se voir offrir le ou les modes les plus pertinents en fonction de critères de capacité, de rapidité, de confort et de prix propres à chacun d’entre eux.
A travers l’organisation de ce débat autour des perspectives ouvertes pour l’intermodalité en Régions, Alenium Consultants a souhaité marquer son implication dans ces questions stratégiques et opérationnelles et vérifier à quel point tous les acteurs étaient mobilisés pour proposer des solutions plus performantes au regard de ces nouveaux enjeux. En l’occurrence, tous les intervenants présents ont réaffirmé la conviction commune que les évolutions institutionnelles et législatives en cours étaient effectivement autant d’opportunités pour construire un nouveau modèle conjuguant efficacité économique, équité des territoires et satisfaction des besoins des voyageurs.
Chez Alenium Consultants, forts de notre expérience dans l’accompagnement des acteurs publics et privés de la mobilité, nous sommes également convaincus que la redéfinition des périmètres, l’élargissement des compétences et l’institutionnalisation de nouveaux acteurs sont une chance pour la mobilité de demain. Pour autant, si le chemin est tracé, plusieurs obstacles restent à franchir, notamment dans la construction d’un dialogue ouvert et croisé entre Autorités Organisatrices et opérateurs, au service d’un voyageur acteur et arbitre entre les différentes offres de mobilités qu’il se verra proposer.
Les Régions, véritables chefs de file sur leur territoire, doivent désormais nouer un tout nouveau partenariat entre les opérateurs historiques et les nouveaux entrants apté à être au service de l’optimisation des systèmes tput en s’adaptant aux attentes des voyageurs. Nouveau dialogue, gouvernance agile, à chacun à présent de prendre ses responsabilités pour que ce nouveau modèle garantisse un service public de qualité dans la transparence et l’efficacité…